Les lauréats de l’Open Innovation Factory 2021

GRTgaz dévoile les lauréats et coups de cœur des deux appels à projets de 2021 : le premier sur la problématique Inspection et canalisations, le deuxième sur la Data science et la fiabilité.

"Lancé en 2016, l’Open Innovation Factory de GRTgaz invite tous les ans, via son sourcing, les entreprises innovantes à répondre à ses appels à projet pour favoriser l’émergence de nouvelles technologies et méthodologies dans ses métiers. Les entreprises élues en 2021 nous présentent leurs projets dans leurs domaines d'expertise, de l'entretien intelligent des réseaux à la gestion des actifs industriels."

Induscope et IT Concepts lauréats de l’appels à projets « inspection et canalisations »

Comment gagner en sécurité, fiabilité et temps passé sur les opérations d’inspection du réseau gazier de GRTgaz ?

Faute d’endoscopes performants certifiés ATEX* sur le marché, ces inspections sont actuellement réalisées en vidant la canalisation contenant du gaz à chaque nouvelle intervention. Les entreprises IT Concepts et Induscope ont co-candidaté sur cet appel à projet, pour proposer des solutions complémentaires à cette problématique qui ont séduit le jury, composé d’experts métiers et de cadres d’exploitation. Elles ont toutes deux décroché le titre de lauréat.

(*) ATEX : norme européenne de matériel antidéflagrant.

IT Concepts, société allemande spécialisée depuis 17 ans en endoscopie industrielle, a proposé un vidéoscope adapté. « Nous avions développé pour un client américain dans le gaz un vidéoscope ATEX zone 2() Nous sommes entrés en phase d’étude de ce matériel pour l’adapter au cahier des charges de GRTgaz et répondre avec une solution parfaitement isolée et étanche. », précise Nicolas Rossi, responsable des ventes France chez It Concepts GmbH. () Norme européenne. Elle correspond au niveau 3 transposé dans le droit allemand).

Induscope est une entreprise française spécialisée en endoscopie industrielle qui fournit des endoscopes et propose des prestations d’inspections de canalisations dans divers secteurs d'activité : aéronautique, automobile, nucléaire, éolien, pharmaceutique. Elle complète la proposition d’IT Concepts par une solution de presse-étoupe à installer au niveau des « points de piquage » (intersections entre les cylindres). « Nous avons développé un presse-étoupe permettant lors du contrôle d’étanchéifier ces points de piquage, explique Guillaume Conné, associé gérant chez Induscope. L’opérateur n’a plus qu’à poser le presse-étoupe pour inerter les canalisations et faire entrer le vidéoendoscope ». L’inspection est sécurisée sans avoir à vider les canalisations, un précieux gain de temps.

Ces propositions sont à l’étude chez GRTgaz afin de valider qu’elles répondent aux exigences et normes en matière de sécurité des installations et sites industriels.

Davaï!JPL en coup de cœur

DAVAI!JPL est un incubateur de projets hitech, objets connectés, analyse de données, technologies industrielles de pointe. Son robot-tube pneumatique Ivy Spec, capable de se faufiler dans des endroits confinés comme les canalisations et de s’ajuster à leur diamètre, lui a valu le coup de cœur du jury.

Le robot-tube, piloté par une IA centrale, dépourvu de parties métalliques rigides, se guide en autonomie et transporte ses radars dans les moindres recoins. « De réservoirs en aéronautique au sauvetage en spéléologie, les applications sont nombreuses », ajoute Jean-Philippe Lerat, président de Davaï!JPL

L’entreprise Artelys, lauréat de l’appel à projet « Data science et fiabilité »

Optimiser la gestion des actifs industriels de GRTgaz avec une meilleure exploitation des données de fiabilité et de maintenance ?

« C’était un sujet qui nous parlait fortement car au croisement de nombreuses missions réalisées sur l’optimisation de plannings de maintenance pour des industriels de l’Energie et du Transport », dit Paul-Alexandre Bouhana, Directeur de projet en Data Science d’Artelys, PME indépendante spécialisée en data science, modélisation, optimisation des réseaux et planification énergétique territoriale.

Artelys a proposé des algorithmes d’intelligence artificielle et des visualisations graphiques pour rendre intelligible les résultats et mieux comprendre les probabilités de défaillance. « Nous avons aussi formulé un module complémentaire d’aide à la décision. En identifiant l’imminence de la défaillance d’une pièce et son impact sur le réseau, nous pouvons prioriser les actions de maintenance et ajuster les plannings d’interventions. Le fait de dépasser la demande initiale a séduit le jury ». Dans l’immédiat, Artelys va mettre au point un prototype pour tester la faisabilité du projet dès le premier semestre pour GRTgaz.

Sia Partners

Sia Partners, cabinet de conseil en management, a développé une expertise spécifique en science des données dans le secteur de l’énergie.
Romain Guichard, consultant senior Data Science, a dirigé les propositions. Le concept : un modèle de prévision de défaillance pour les actifs. Comment ? « En croisant l’historique de chaque équipement et les actions correctives engagées pour identifier des variables explicatives ».

Connaître les probabilités d’un dysfonctionnement mais aussi les causes, permettent des prédictions précises, liées aux conditions d’usage des équipements. « Nous avons prouvé la performance du modèle sur des sites pilotes. Nous développons déjà des outils destinés à son industrialisation », conclut Pierre Leplatois, Directeur de la Business Unit Data Science en Europe."

Open Innovation Factory de GRTgaz : les 4 nouveaux lauréats à la loupe

Comment mieux surveiller, protéger et contrôler le réseau de transport de gaz ? Quatre sociétés innovantes ont répondu à quatre grands défis d’avenir lancés par GRTgaz dans le cadre de l’Open Innovation Factory 2020. Cocorico, trois d’entre elles sont françaises ! Présentation.

"Focus sur les appels à projet de 2020 de l'Open Innovation

Appel à projet #1

Comment faciliter la détection de la corrosion de canalisations aériennes à l’aide de revêtements intelligents ?

Les défauts sur les canalisations comme la corrosion sont détectés à l’heure actuelle par une inspection minutieuse réalisée par des agents de GRTgaz sur le terrain. Si la majorité des canalisations sont enterrées, le réseau dispose de quelques canalisations aériennes, revêtues d’un système de peinture anti-corrosion. GRTgaz souhaite y introduire des particules intelligentes afin de faciliter la détection de ce type de dégradations naturelles.

Le lauréat : OliKrom et ses pigments intelligents

Fondée en 2014 par Jean-François Létard, directeur de recherches CNRS, OliKrom est une start-up spécialisée dans les peintures intelligentes au service des industriels. Elle crée des pigments capables de se modifier en fonction de la température, de la lumière, de la pression, de la présence de produits chimiques ou encore capables de luminescence.

Pourquoi avoir sélectionné cette entreprise ?

Ahmed Fakhry (ingénieur de recherche, département Pipeline, RICE) : Devant notre jury d’experts, OliKrom a convaincu par sa clarté et la pertinence de ses propositions. Ils sont experts dans le domaine des pigments intelligents et nous recherchions justement une solution capable de changer de couleur à l’apparition de la corrosion. Cette solution, par son aspect innovant aussi, nous semblait la mieux adaptée, bien qu’elle relève encore du concept. OliKrom jouit en plus d’une expérience importante dans ce domaine.

Qu'est-ce que cette solution va apporter à GRTgaz ?

Ahmed Fakhry : Elle va permettre aux opérateurs de se rendre compte, grâce aux changements de couleur ou d’état de luminescence, d’un début de corrosion sur les ouvrages aériens. De plus, certains ouvrages sont très difficilement accessibles, cette solution permettra donc d’innover dans le domaine de l’inspection. Cela va faire diminuer les coûts liés à la réparation et à la réhabilitation des conduites.

Comment l'entreprise a-t-elle abouti à cette solution ?

OliKrom : Ce type de revêtement n’existe pas encore ! Nous allons utiliser notre expertise unique afin d’identifier une solution technique qui permettra de détecter l’apparition des premiers signes de corrosion. Nos travaux de recherche vont se faire par étapes : identifier une ou des technologies, adapter ces dernières aux seuils de sensibilité souhaités par GRTGaz, puis intégrer la technologie dans une peinture. Une fois la faisabilité validée, suivront l’industrialisation afin de monter en échelle, mais aussi des tests sur sites pilotes et la certification qualité.

Appel à projet #2

Comment détecter à distance les éventuelles fuites de gaz sur le réseau ?

GRTgaz doit régulièrement surveiller les 32 500 km de son réseau et identifier toute situation à risque, notamment en lien avec les travaux tiers. À ce titre, une évolution de l’arrêté multi-fluides oblige GRTgaz à compléter dès juillet 2021 ses méthodes de surveillance par une inspection annuelle du réseau pour contrôler l’absence de fuite de gaz.

Le lauréat : Asman Technology, l’œil aérien

Basée en Nouvelle-Aquitaine, Asman Technology est une start-up créée en 2016 par Eric Matysiak, fort d’une expertise acquise pendant 20 ans au service du broadcast et de l’électronique embarquée pour les armées françaises et des applications civiles. La jeune pousse propose des solutions clé-en-main de surveillance, d’inspection et d’observation aériennes, avec une approche « multi-capteurs, multi-porteurs ». Grâce à son partenariat avec la société Innovidea, sa maîtrise des capteurs lui permet de proposer des solutions de détection, localisation et quantification de fuites particulièrement pointues.

Pourquoi avoir sélectionné cette entreprise ?

Michel Pinet (DT) : L’appel à projet visait à aider GRTgaz à explorer les techniques pouvant être mises en œuvre pour la nouvelle activité de Recherche Systématique de Fuites (RSF) sur le réseau de transport. La longueur des gazoducs concernés est d’environ 11 000 km, dont 90 % peuvent être survolés à basse altitude. Nous avons trouvé très pertinente la proposition d’Asman Technology visant à réaliser un état de l’art des technologies et capteurs « sur étagère » au niveau mondial, suivi d’une sélection des meilleurs en vue de leur intégration sur un avion léger.

Qu'est-ce que cette solution va apporter à GRTgaz ?

Michel Pinet : Pour répondre à la nouvelle obligation de surveillance, nous allons utiliser une méthode de détection pratiquée par d’autres transporteurs de gaz européens, à savoir un capteur laser aéroporté par hélicoptère. Mais cela impose des conditions de vol contraignantes (altitude entre 60 et 100 m et vitesse limitée à 50 km/h). Utiliser un aéronef de type avion ou ULM comme le propose Asman Technology sera, à court terme, moins coûteux à l’exploitation et moins polluant que l’hélicoptère. La solution représentera en outre un gain de performance pour GRTgaz.

Comment l'entreprise a-t-elle abouti à cette solution ?

Asman Technology : Se passer de l’hélicoptère imposait d’identifier des capteurs capables de détecter les fuites de gaz à la fois à une vitesse linéaire plus importante et à une altitude plus élevée. Pour ce projet, nous avons sélectionné un avion léger de moins de 600 kg de la classe ULM, qui permet d’éviter les surcoûts liés à l’intégration d’électronique de mission dans un avion dit certifié et, là encore, d’optimiser le coût au kilomètre survolé. Une étude nous a permis en parallèle de retenir une petite dizaine de produits pour leur maturité, leur performance et leur compatibilité. Ils couvrent trois technologies différentes : hyper-spectrale, caméra infrarouge, et spectromètre laser. L’expérimentation est prévue pour septembre 2021.

Appel à projet #3

Comment renforcer le réalisme des exercices de simulation de sécurité de nos installations gaz ?

Chaque année, les agents de GRTgaz réalisent des exercices de sécurité́ afin de tester l’organisation prévue en cas de crise dans nos stations de compression gaz. Lors de ces exercices, il est cependant difficile d’atteindre un niveau de réalisme satisfaisant, notamment sur les simulations de feux, de bruits ou de chaleur.

Le lauréat : Lynx et son casque de réalité augmentée

Lynx est une société parisienne de haute technologie à l’origine d’un casque de réalité augmentée de dernière génération. Une équipe de 15 ingénieurs pilotée par Stan Larroque travaille à résoudre des challenges en optique, électronique, mécanique et ergonomie pour apporter aux utilisateurs l'état de l'art en réalité virtuelle et augmentée.

Pourquoi avoir sélectionné cette entreprise ?

Dominique Richard (cadre d'exploitation confirmé, station de Taisnières-sur-Hon, département Compression du Pôle d'Exploitation Nord-Est) : Nous avons été bluffés par l’ultra-réalisme des scénarios créés par Lynx, mais aussi par la simplicité d’utilisation de la solution proposée, pourtant très technologique. Il n’y a besoin que d’un casque, d’un écran et du scénario de rupture de canalisation, préparé sur mesure. Lynx est capable de produire exactement ce dont nous avons besoin d’expérimenter : une flamme de hauteur déterminée ou un important bruit de fuite. Dans un second temps, la sensation de chaleur pourrait même être ajoutée.

Qu'est-ce que cette solution va apporter à GRTgaz ?

Dominique Richard : L’Etat, via les Dreal (Directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement), nous recommande de réaliser des exercices une fois par an. Nous voulons que les intervenants de GRTgaz, mais aussi les secours extérieurs, se rendent mieux compte de l'effet d'une rupture de gaz. Nous avions donc besoin de plus de réalisme. Ce casque permet aussi de mieux prendre conscience de l’impact dans la distance, alors qu’on a tendance à oublier ces distances d’approche lors des simulations sur le terrain. Cette solution peut intéresser tous les gaziers.

Comment l'entreprise a-t-elle abouti à cette solution ?

Lynx : Le masque que nous développons possède la capacité unique de projeter en réalité augmentée des éléments 3D virtuels incrustés dans votre champ de vision avec un réalisme exceptionnel. Nous avons travaillé deux ans avec les meilleures équipes de la planète (Qualcomm, Nvidia…) pour aboutir à une solution de réalité mixte qui arrive à vous afficher ces illusions sans latence perçue, avec les bonnes couleurs, et surtout un champ de vue confortable et dégagé. L'apprentissage avec notre technologie est le moyen le plus efficace d'augmenter la productivité, réduire le taux d'erreur et garantir la sécurité des opérations dans des milieux professionnels très exigeants comme ceux de GRTgaz.

Appel à projet #4


Comment gérer les influences des courants alternatifs sur notre réseau ?

La proximité entre structures à haute tension et canalisations métalliques est de plus en plus fréquente. Or, dans certains cas, elle génère des phénomènes électromagnétiques dangereux pour le personnel, pour les canalisations enterrées et les équipements raccordés à celles-ci, notamment la protection cathodique. La tension qui en découle peut en effet provoquer une circulation de courants alternatifs nuisibles pour nos installations.

Le lauréat : Matcor réinvente la mise à la terre

Fondée en 1975, la société américaine Matcor (groupe BrandSafway) développe des services et des solutions anti-corrosion pour les secteurs de l’énergie (pétrole, gaz, électricité) et de l’eau. Matcor se présente comme un fournisseur clé-en-main de produits et systèmes de protection cathodique personnalisés, mais aussi d’ingénierie et de maintenance. Son site de production est situé à Chalfont, en Pennsylvanie.

Pourquoi avoir sélectionné cette entreprise ?

Natalia Cabrero (responsable d'équipe Protection Cathodique GRTgaz, Marne-la-Vallée) : C’était une décision collective prise par un jury multidisciplinaire. Parmi les critères sélectionnés, l’adéquation de la solution au besoin métier, ses caractéristiques financières, mais aussi les caractéristiques de l’entreprise choisie pour la mise en œuvre de la solution, sa motivation, son ouverture d’esprit et son dynamisme, ont été déterminants. Matcor a obtenu le score le plus élevé.

Qu'est-ce que cette solution va apporter à GRTgaz ?

Natalia Cabrero : Cette solution technico-économique performante réduira les influences des courants alternatifs produits par le réseau électrique de transport. Elle va aussi nous permettre d’établir une relation commerciale avec une entreprise en dehors de nos frontières. Nous voulons innover, inventer des façons de travailler plus modernes, tout en améliorant la performance et réduisant les coûts.

Comment l'entreprise a-t-elle abouti à cette solution ?

Matcor : Notre entreprise travaillait déjà autour de l’installation d’un conducteur en cuivre nu comme fil de mise à la terre sur un pipeline. Les spécifications exigeaient que le câble en cuivre soit installé dans un remblai spécial. Or, nous fabriquions depuis des années un système d'anode et en utilisant cette même technologie, nous avons pu créer un câble de mise à la terre technique composé d'un conducteur en cuivre nu emballé dans une chaussette en tissu remplie du remblai de mise à la terre. Il s’avère que cette solution surpasse le ruban de cuivre ou de zinc nu pour des applications d'atténuation du courant alternatif."